Pourquoi je crois que la réalité augmentée va transformer positivement le métier de l’auteur ?

Publié le 7 mai 2020 6:12 pm

On me pose souvent la question. J’ai reçu, bien avant l’effervescence des réseaux sociaux, beaucoup de lettres, comme la plupart de mes confrères. Dans la majorité des cas, elles témoignent d’une touchante sympathie pour l’auteur et ses créatures. Il y a évidemment les lecteurs ou les lectrices qui se reconnaissent dans tel ou tel personnage imaginaire. Et ceux qui regrettent la fin malheureuse d’une intrigue et suggèrent une autre issue plus conforme à leur goût. Et ceux qui vous proposent leur propre vie comme thème de roman. Et ceux qui déplorent les libertés prises par l’écrivain avec les règles de la morale bourgeoise. Il est même arrivé qu’un lecteur me reproche d’avoir donné son nom à un de mes héros. Ces coïncidences sont toujours le fait du hasard. Il est pratiquement impossible de choisir un patronyme dont il n’existe aucun exemple dans la réalité. Je reçus, il y a quelques années, une lettre signée Peyrie. Le nom exact de mon héros dans mon roman « l’exil et la haine ». Il se trouvait qu’il vivait pour de bon, dans le Périgord. Il ne se formalisait nullement de cette similitude de nom entre lui et mon personnage et me signifiait l’envoi d’un petit cadeau. Un cadre contenant un décor de fleurs séchées. Ce qu’il y a de plus précieux, à mon sens, dans cet objet, c’est la signature en bas à droite : Jules Peyrie. Elle est pour moi le témoignage d’une rencontre entre la fiction et la vie.

La fin des courriers, le début des likes

Quand les réseaux sociaux ont fait surface, les courriers ont disparu. La communication s’est faite plus courte, plus efficiente. Plus rapide aussi. Plus introspective. Plus intimiste. J’ai continué à communiquer, parfois avec plus de méfiance. Je me suis aperçu que le lecteur était intéressé par l’écrivain, ses déceptions et ses satisfactions, sa discipline, son organisation de travail, ses articles, ses créations littéraires, ses critiques, ses craintes. Se confier à la toile, c’est dévoiler sa vie sans sélectionner la cible.

Et la réalité augmentée dans tout ça, pourquoi j’y crois ?

Avec la réalité augmentée, sur un livre précis, l’auteur communique à ses lecteurs le message qu’il désire, quand il le désire, sur le sujet qu’il désire. Pouvoir être en communion avec ceux qui vous lisent, en changeant par exemple tous les mois de sujet, c’est gérer sa communication et éviter tous les débordements des réseaux sociaux. La réalité augmentée devient un moyen de rester en contact avec ses lecteurs, de répondre à leurs questions, de communiquer ses dates de signature, etc. Le contact est étroit, voire personnalisé. La réalité augmentée est un outil qui fait évoluer la communication traditionnelle lourde vers la simplicité. Car il n’y a rien de plus simple pour le lecteur, que la réalité augmentée d’un livre. On a supprimé aujourd’hui toute manipulation inutile pour rapprocher les auteurs de leurs lecteurs. Certains métiers du monde de l’édition vont devoir se transformer. Comme l’auteur lui-même dont l’image d’aujourd’hui va bien au-delà, s’il veut réussir, de la feuille blanche et du stylo.

J’ai eu l’occasion d’échanger longuement sur le sujet avec Michaël Bechler, un garçon un peu fou, qui a relevé il y a quelques temps déjà, le défi que je lui lançais, de bouleverser positivement le monde de l’édition papier. Depuis, il a contribué à la création de la plateforme de gestion de contenus augmentés la plus simple d’utilisation qui soit.

Retrouvez nos échanges dans une série de vidéos à suivre par ici:

1ère partie: Comment faire cohabiter le digital et le travail d’écriture de l’écrivain ?

2ème partie: Quels changements dans l’organisation d’une maison d’édition ?