Histoires insolites des trains

Publié le 3 mai 2019 2:03 pm

Une commande pas comme les autres

Lorsque mon éditeur m’a demandé de publier dans la collection « Histoires Insolites », j’ai immédiatement pensé aux trains. Depuis mon enfance, l’univers du ferroviaire me fascine ; une attirance incompréhensible – seul mon grand-père était cheminot – mais néanmoins réelle puisque j’ai consacré à SNCF quasiment 20 ans de ma vie. Je ne voulais pas tomber dans les petites histoires certes amusantes mais qui, dans le fond, n’apportent pas grand chose. Ce livre devait aussi être international, anecdotique et historiquement intéressant. Parler du train, c’est bien. De tous les trains dans le monde, c’est mieux. Le livre sera en librairie le 29 mai et je vous propose jusqu’à sa sortie d’en découvrir quelques extraits ! Si vous désirez déjà le pré-commander, il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous.

Diesel a révolutionné l’Amérique

Un matin de 1930, le capitaine du paquebot Dresde, parti de Douvres, et en route vers Hambourg, est très inquiet lorsqu’on l’informe que le plus notable de ses passagers a disparu : Rudolf Diesel, un ingénieur de renom, inventeur du moteur gas-oil qui porte son nom, a disparu. On doit conclure qu’il a basculé par-dessus le bastingage. Mais comment ? On ne le saura jamais.

Diesel, cependant, survit par son « moteur thermique rationnel destiné à supplanter la machine à vapeur et les autres machines à feu connues aujourd’hui ». Ainsi s’intitule son ouvrage paru à Londres en 1893. 

En réalité, la locomotive Diesel n’a pas supplanté la locomotive à vapeur. Elle tend pourtant à se substituer à elle. Un grand nombre de lignes de petite importance ou d’importance secondaire, lui doivent de n’être pas mortes. Au lieu de supprimer ces lignes qu’on ne peut songer à électrifier – les frais d’une électrification étant considérables – et que l’emploi de la vapeur rend aussi trop onéreuses et déficitaires, on les a dotées de petits trains légers à moteur diesel, « michelines » ou autorails.

Contrairement au tortillard, l’autorail est beaucoup moins polluant. Ses démarrages sont énergiques. En trois minutes, il est à 100 km/h et, à la même allure, s’arrête en 300 m. Les avantages par rapport à la locomotives à charbon sont indéniables : le rythme de rotation égal à celui de la machine électrique, sa puissance qui lui permet de tourner vingt heures, son autonomie… 

Le diesel a conquis l’Amérique. Pour les immenses étendues du continent, l’électrification est ruineuse ; quant à la locomotive à vapeur, l’eau manque souvent. Une grosse machine diesel comme l’Aco-GE 1600 CV est un véritable paquebot roulant, résout tous les problèmes, avec son autonomie de 1 500 km.

Les voitures sont confortables. Certaines mêmes sont à l’époque des hôtels chics. Entre New-York et San Francisco, les Américains ont conçu la roomette, c’est-à-dire, la chambre, mot auquel on a ajouté le diminutif français « ette ». 

De droite à gauche, au long d’un étroit couloir se situent les roomettes, très à la mode en Amérique. On se croirait plus dans une chambre d’hôtel que dans un train. Une table, deux fauteuils, des tableaux aux murs, un lavabo escamotable, des magazines et s’il s’agit d’une compagnie bien pensante, une bible.

Le service est impeccable. Le voyageur peut à tout moment appeler le room service qui connaît toutes les règles selon les états traversés. Si le train traverse l’Arkansas, pas question de vous servir un whisky un dimanche. Il faut attendre l’Oklahoma pour que ce soit possible. Le voyageur pouvait aussi téléphoner dans n’importe quelle ville. Il pouvait aussi dactylographier son courrier aux secrétaires mises à disposition par la Compagnie.