Histoires Insolites des trains, épisodes 4

Publié le 14 mai 2019 8:19 am

Plus que quelques jours à attendre avant de voir apparaitre sur les rayons des librairies les Histoires Insolites des Trains. Tous les deux jours, jusqu’à la sortie, je vous en livre un épisode. Voici le 4e. Vous pouvez d’ors et déjà le précommander en cliquant sur le lien ci-dessous

M’attrape qui peut

Les premières anecdotes du chemin de fer sont des scènes de cinéma digne du film « les visiteurs » de Jean-Marie Poiré.

La plus célèbre date de 1803. L’année où un certain Murdoch a conçu une locomotive routière. Très fier de son invention, il privilégie un essai de nuit, dans la région des Cornouailles, pour ne blesser personne et écarter les curieux de ses tests. 

Ce soir-là, le curé du village ne dort pas et aperçoit au fin fond d’un champ un monstre fumant. Fébrilement, il s’approche de la machine à l’arrêt. Affolé par un vacarme apocalyptique, l’homme d’église continue pourtant sa route. 

Et soudain, la locomotive s’élance vers lui, à toute allure. Murdoch tente bien d’arrêter l’engin, en vain. Le curé retrousse sa robe et s’enfuit en hurlant : « le Diable me poursuit ». 

Cette anecdote prête aujourd’hui à sourire. Sans doute a-t-elle amusé Richard Trevithick, ingénieur des mines de fer de Penn-y-Daran dans le Pays de Galles. Amusé… et fortement inspiré. Richard se tourne également vers l’industrie pour confectionner un « engin » composé d’une chaudière horizontale fixée sur deux essieux. La cheminée est installée à l’avant de la chaudière afin de favoriser le tirage, la tige du piston reliée à une manivelle grâce à une bielle qui actionne un mécanisme de roues dentées pour entrainer les roues motrices. La machine pèse environ cinq tonnes, et tire sur 8 kilomètres à l’heure quatre fois son poids. 

Le 11 février 1804, on inaugure en grande pompe l’invention qui parcourt par la suite et de façon régulière les 16 kilomètres de la voie ferrée des mines d’Abercynan à Merthyr Till. Un correspondant de presse écrit : « il n’est pas douteux que le nombre de chevaux sera très réduit dans le royaume, et que l’engin qui est entre les mains de ses propriétaires pourra être utilisé dans mille circonstances que l’on n’a pas encore envisagées pour une machine ».

Le poids de ce mastondonte aura raison de la solidité des rails en fonte. L’entretien et les frais de réparation sont trop importants pour que l’affaire soit rentable. Les investisseurs abandonnent le projet rapidement. 

L’ingénieux Trevithick ne se décourage pas pour autant et construit en 1808 une autre locomotive à un cylindre fixé verticalement au-dessus de la chaudière. Baptisée avec malice « Catch me who can » ou « M’attrappe qui peut », en clin d’œil à l’aventure de Murdoch.

L’ingéniosité de Trevithick attire un monde considérable à Euston square à Londres où il faut acheter 1 shilling le ticket pour obtenir une place. Le billet de train est né !

Trevithick fait des bénéfices, mais ne parvient pourtant pas à résoudre le problème du poids de la machine qui déraille et provoque, non seulement la risée de ses détracteurs mais aussi une spectaculaire attraction londonienne.